L’islamophobie, c’est une attitude négative envers les musulmans ou les personnes considérées comme étant musulmanes. C’est une forme de racisme. «La religion est un signe visible qui peut déclencher un rejet, comme celui lié à l’origine ou à la couleur de peau», explique le sociologue Marwan Mohammed.
L’islamophobie s’exprime de différentes manières : ça va des préjugés à la haine des musulmans, en passant par un discours de rejet, des insultes, des agressions ou de la discrimination. Et c’est puni par la loi, comme les autres formes de racisme.
L’ISLAMOPHOBIE ET LA FRANCE
La France est un pays de tradition catholique, la religion musulmane est donc généralement mal connue. La colonisation a aussi son importance : jusqu’au XXe (20e) siècle, la France a occupé des pays, dont plusieurs en Afrique du Nord et de l’Ouest, où la religion musulmane est très présente. «Pour contrôler les peuples colonisés, une partie des élites françaises ont dit que l’islam était une religion inférieure», rappelle Marwan Mohammed.
L’IMPACT DES ATTENTATS
Ces dernières années, les attentats qui ont eu lieu en France et dans d’autres pays «ont donné au grand public l’image d’une religion menaçante, qui fait peur», constate Nonna Mayer, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). En effet, les terroristes disent qu’ils agissent au nom de l’islam. En réalité, ils veulent forcer les gens à penser comme eux en utilisant la violence. Ils ne représentent pas l’islam et les musulmans. Mais à cause de ça, certaines personnes associent les musulmans aux terroristes.
«C’est très dangereux, toute femme musulmane qui porte un foulard pourrait être perçue comme une terroriste potentielle ! Et il y a une poussée des actes antimusulmans à chaque fois qu’il y a des attentats», ajoute Nonna Mayer. D’ailleurs, le ministère de l’Intérieur dit que les attaques contre les musulmans, verbales et physiques, ont été plus nombreuses en 2015, l’année des attentats à Paris.
LE REFUS DE LA DIFFÉRENCE
En fait, souvent, quand on rejette l’islam et les musulmans, on rejette ce qui nous semble différent, ce qui nous est étranger. «C’est une incompréhension de l’autre, qui est souvent une simple affaire d’ignorance, souligne encore Nonna Mayer. Il y a des personnes plus méfiantes que d’autres à l’égard de la différence.»
Certains partis politiques, comme le Rassemblement national, se servent de ce rejet. «Il y a des mouvements et des partis politiques très différents qui utilisent à tort la laïcité pour en réalité stigmatiser et exclure une partie de la population. Et actuellement ça vise essentiellement les personnes de confession musulmane», conclut Nicolas Cadène, rapporteur général de l'Observatoire de la laïcité.