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L’Insouciance des Hommes face au Monde Intermédiaire (Al-Barzakh)

L’Insouciance des Hommes

Face au

Monde Intermédiaire (Al-Barzakh)

 

Dr Ali Sallabi

Rabi‘ Awwal 1444 H/Octobre 2022

 

 

L’humanité, dans son ensemble, se trouve dans une très grande indifférence face à la réalité du monde intermédiaire (al-barzakh). On constate pourtant au quotidien la disparition d’individus (rois et érudits ; dirigeants et soldats ; commerçants et fonctionnaires ; hommes et femmes ; personnes âgées et enfants ; riches et pauvres), qui nous quittent pour rejoindre ce monde.

Tout ce qui est sur elle [la terre] doit disparaitre

Ar-Rahmân (Le Tout Miséricordieux) : 26.

          La première vie de tout être vivant sur Terre connaitra donc une fin. Puis l’individu fera son entrée dans un monde qui se situe entre l’existence terrestre et le Jour du Jugement Dernier. Ce monde se nomme (en arabe) al-barzakh, ou la vie dans la tombe, ou les prémices de l’au-delà. Cela signifie que notre vie ne s’achève pas avec la mort. Cette dernière annonce plutôt une existence nouvelle, car Allah a créé les enfants d’Adam et les a voués à l’éternité. Ils ne disparaitront donc pas, mais sortiront d’une demeure pour entrer dans une autre. On les a ainsi transportés des reins de leurs pères vers les matrices de leurs mères ; et de ces dernières vers l’existence terrestre. Ils rejoindront ensuite les tombes et le monde intermédiaire, avant de se retrouver dans la plus grave des postures, le Jour Dernier. C’est au Paradis ou en Enfer pour l’éternité que finalement s’achèvera leur périple.

          La mort représente donc la fin naturelle de la vie de l’homme en ce monde. La fin de son existence terrestre, de ses joies et de ses peines ; de son bonheur ou de son malheur. Cette question devrait retenir longuement l’attention et chacun devrait y consacrer une réflexion assidue et sérieuse. Chaque individu, indépendamment de ses croyances, s’interroge constamment sur son devenir après la mort. La réponse incontournable du croyant est qu’en toute logique il retournera vers Son Seigneur, exalté soit-Il. Il sait qu’Allah, en créant l’homme, l’a destiné à l’éternité. Le retour vers le Créateur n’est alors pour celui qui croit que l’étape d’un voyage, d’une vie vers une autre. Celui qui détient la foi sait que ce qui sépare les deux mondes (celui d'ici-bas et celui de l’au-delà) demeure pour nous mystérieux et que sa connaissance détaillée ne peut provenir que d’Allah.

          Le monde intermédiaire -qui sépare la vie terrestre et l’au-delà- débute dès les premiers instants de la mort et de la saisie de l’âme. Les réalités se dévoilent alors au regard :

« Tu restais indifférent à cela ; et bien, Nous ôtons ton voile et ta vue est perçante aujourd'hui. »

Qâf : 22.

 

Nous sommes témoins du défilé continu des hommes en ce monde, et des générations qui se succèdent, des nations et des peuples qui disparaissent de la surface de la planète. Tous ont rejoint par la puissance d’Allah, Sa sagesse et Sa volonté le monde du barzakh.

Notre insouciance face à la réalité qui nous attend constitue un véritable désastre. Notre passage sur Terre reste court et son issue fatale est inévitable et incontournable :

L'agonie de la mort fait apparaître la vérité : « Voilà ce dont tu t'écartais. »

Qâf : 19.

 

          La plus terrible nuit à laquelle chacun sera confronté est celle que l’on passera seul dans sa tombe. Il y sera alors témoin de choses singulières, des évènements du barzakh et des prémices de l’au-delà. Il éprouva l’étreinte de la tombe ; subira l’interrogatoire des deux anges ; et connaitra l’inquiétude quant à son sort final.

          L’humanité a perdu ses repères et la perception juste du monde lui a échappé, bien qu’Allah nous a fait part de toutes ces réalités dans Son Noble Livre et dans la Tradition de Son Messager, le Mustafa . Le Noble Coran et la Sunnah authentique transmettent aux hommes la description du monde intermédiaire, et nous enseignent les moyens de nous mettre à l’abri de ses tourmentes prochaines.

 

L’instant le plus décisif dans la vie de l’homme 

            

          Le Livre d’Allah a dépeint l’instant de la saisie de l’âme avec une parfaite précision :

Mais non ! Quand [l'âme] en arrive aux clavicules et qu'on dit : « Qui est exorciseur ? » et qu'il [l'agonisant] est convaincu que c'est la séparation (la mort), et que la jambe s'enlace à la jambe, c'est vers ton Seigneur, ce jour-là que tu seras conduit.

Al-Qiyâmah (La Résurrection) : 26-30

 

Puis, lorsque la mort vient à l'un d’eux, il dit : « Mon Seigneur ! Fais-moi revenir (sur terre).

Al-Mu’minûn (Les Croyants) : 99.

 

Voilà comment se révèle à chacun la mort, qui marque la fin du parcours. Elle n’épargne personne et personne ne l’évite ou ne la repousse. Elle sépare ceux qui s’aiment et poursuit sa route ensuite sans s’arrêter, sans se retourner. Elle reste sourde aux plaintes des éprouvés ; aux remords de l’agonisant ; aux désirs de l’insatisfait ; à la peur de l’anxieux. Cette mort terrasse avec la même aisance les tyrans et les faibles ; les oppresseurs et les opprimés. Ainsi est la mort, face à laquelle tous les hommes sont désarmés[1]

 

          Dans le passage coranique plus haut, Allah s’adresse à Ses serviteurs pour leur rappeler la situation de l’homme mourant et dont la fin approche. L’âme de ce dernier remonte vers les clavicules, les os situés à la base de son cou. Il ressent alors une terrible détresse et souhaiterait alors par tous les moyens trouver guérison et repos : qui est exorciseur. Qui pratiquera sur lui l’exorcisme ? Car à ce moment-là, tout espoir de guérison par les moyens traditionnels disparaitra et l’homme s’attachera aux causes spirituelles. Mais on ne peut repousser son destin lorsqu’il est scellé : […] il [l'agonisant] est convaincu que c'est la séparation, d'avec ce monde.

 

Et que la jambe s'enlace à la jambe, signifie que l’épreuve et la tourmente atteignent leur paroxysme, et l’on s’apprête alors à faire sortir l’âme de ce corps familier, pour la ramener à Allah, qui la rétribuera pour ses actes et les lui fera reconnaitre. Ce passage est une mise en garde qu’Allah a mentionnée afin d’inciter les cœurs à pencher vers le salut et à s’écarter de ce qui cause leur perte[2].

      

C'est vers ton Seigneur, ce jour-là que tu seras conduit : la description est vivante et expressive et chaque verset du passage dépeint un mouvement, une scène. L’esquisse de l’agonie révèle la peur, la détresse et la confrontation incontournable à la dure et amère réalité. C’est alors que le sort ultime, auquel on ne peut échapper, se présente : c'est vers ton Seigneur, ce jour-là que tu seras conduit. Le rideau tombe alors sur la scène terrifiante, qui laisse dans le regard et dans l’esprit son empreinte, tandis que l’atmosphère s’emplit d’un silence pesant, effrayant[3] 

 

 

Avons-nous réellement conscience de cet instant fatidique : le départ pour al-barzakh ?           

 

          Gens de Chine, d’Inde, d’Amérique ou d’Europe, ou gens d’Afrique, cet instant vous guette tous !

          Peuples d’Arabie, c’est vers ce moment que vous vous acheminez ! Vous autres, Arabes et non Arabes, musulmans, chrétiens, juifs, athées, c’est là où vous vous rendez !   

          Qu’avez-vous donc préparé pour la vie dans al-barzakh, pour cette étape de l’existence humaine durant laquelle votre séjournerez soit dans un des Jardins du Paradis, ou dans un des abîmes de l’Enfer. Que répondrez-vous au grand Créateur qui a dépêché auprès de l’humanité les prophètes et les messagers, les Livres révélés, et qui a scellé la prophétie par l’envoi de Muhammad et Son Glorieux Coran ? C'est dans ce Livre que le Seigneur a exposé tout l’essentiel en matière de foi et de dévotion ; de mœurs et de transactions sociales ; de dogme et de récits. Cette Révélation du Seigneur renferme aussi des paraboles, et ce que vous devez savoir sur la rétribution et le châtiment ; la récompense et les supplices ; les choses licites et les choses interdites. Vous êtes-vous efforcés de connaitre le Message divin à travers la religion de droiture qu’est l’islam remarquable ?!

[…] et qu'en vérité, l'homme n'obtient que [le fruit] de ses efforts ; et que son effort, en vérité, lui sera présenté (le jour du Jugement). Ensuite il en sera récompensé pleinement, et que tout aboutit, en vérité, vers ton Seigneur, et que c'est Lui qui a fait rire et qui a fait pleurer, et que c'est Lui qui a fait mourir et qui a ramené à la vie.

An-Najm (L’Étoile) : 39-44.

 

Le tic-tac du temps ne se suspend jamais. Il compte les heures, les minutes de la vie qui s’écoule. Chaque jour qui passe rapproche l’homme de son heure et l’éloigne de ce monde, de la même durée :

 

L’homme se réjouit de la disparition de ses nuits,

tandis que leur disparition hâte son départ aussi.

 

Ainsi la réussite en ce monde dépend de la connaissance que nous avons des évènements de l’au-delà. Celui qui est informé de ce qui l’attend le Jour de la Rétribution emprunte le chemin de droiture dans son comportement avec autrui, en cette vie. Mais celui qui oublie ce Jour et n’y accorde pas de considération n’a aucune raison de se montrer vertueux et bienveillant envers son prochain[4].             

 

          Chaque croyant doit se tenir prêt pour le jour durant lequel il rejoindra le nombre des morts et les habitants des tombes. La longévité de l’homme en ce monde ne doit pas lui faire oublier qu’il devra goûter la mort. Face à cette réalité incontournable et absolue, celui qui croit ne peut se dispenser de la meilleure provision, à savoir la piété et les bonnes œuvres qui en découlent :

Et prenez vos provisions ; mais vraiment la meilleure provision est la piété. Et redoutez-Moi, Ô doués d'intelligence !

Al-Baqarah (La Vache) : 197.

       

          Pour conclure, les bonnes actions du croyant et le respect des prescriptions divines : dévotion, vertu, aumône et charité, réconcilier les gens, etc., tout cela contribue aussi à s’attirer les témoignages et les hommages de ses pairs après la mort.

D’Allah nous implorons le pardon et à Lui nous demandons de nous accorder une fin de vie réussie, ainsi qu’un séjour paisible dans le monde intermédiaire et dans l’au-delà.

 

Bibliographie :

  1. Arkân al-’îmân, al-’îmân bil yawm al-’âkhir, Dr ‘Ali Muhammad Sallabi, Dâr Ibn Kathîr, Beyrouth, 3° éd., 2019, p. 37-40.
  2. taysîr al-karîm ar-rahmân fî tafsîr kalâm al-mannân, Abd Rahmân Sa‘dî, 1376, Mu’assasah Ar-Risâlah, p. 122
  3. zilâl al-qur’ân, Sayyid Qutb, vol. 6, p. 3772.
  4. Al-mawt wa ‘âlam al-barzakh, Mâher Ahmad As-Sûfî, série mu’assasah al-’âkhîrah, Al-Maktabah Al-‘Asriyyah, Beyrouth, 2011. 

 

 

 

[1] zilâl al-qur’ân, vol. 6, p. 3772.

[2] tafsîr as-sa‘dî.

[3] zilâl al-qur’ân, vol. 6, p. 3772.

[4] al-mawt wa ‘âlam al-barzakh, Mâher As - Sûfî.


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