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Affaire Houellebecq: l’extrême-droite française finit l’année en roue libre

Affaire Houellebecq: l’extrême-droite française finit l’année en roue libre

 

L’inquiétante montée de l’extrême-droite, et sa capacité de nuisance dans l’hexagone, ont atteint en cette fin d’année, un niveau inégalé.

Ces dernières semaines ont été marquées par des événements d’une particulière gravité avec notamment un passage à l’acte criminel qui a coûté la vie à trois personnes en plein Paris, pour des motifs purement racistes.

Mais malgré un contexte qui aurait dû appeler à la retenue, les discours politiques portés par de nombreuses personnalités suscitent de vives inquiétudes et laissent à penser que certaines digues ont définitivement disparu, laissant place à une parole islamophobe décomplexée.

L’écrivain Michel Houellebecq en est la parfaite illustration. Déjà très critiqué après la parution, en 2015, du roman « Soumission » dans lequel il décrivait une France à la dérive, dirigée par un président de la République de confession musulmane, l’auteur s’est à nouveau fait remarquer par des propos racistes.

- Houellebecq, prophète de l’islamophobie

Le 29 novembre dernier, la revue « Front populaire », publiait un entretien entre le polémiste Michel Onfray, et Michel Houellebecq portant sur une prétendue « fin de l’occident ».

Très vite, au fil des lignes, plusieurs phrases, attirent l’attention et finissent par provoquer la controverse.

L’écrivain y déroule en effet un raisonnement des plus islamophobes, allant jusqu’à fantasmer « des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l'envers ».

« Des gens s'arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu » a-t-il affirmé sans détour.

Mais Michel Houellebecq ne s’arrête pas là, et évoque ce qu’il qualifie de « souhait de la population française de souche » qui selon lui, ne souhaite pas que « les musulmans s'assimilent, mais qu'ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu'ils s'en aillent ».

Des déclarations qui ne surprennent aucunement l’auteur et statisticien, Marwan Muhammad.

Dans un entretien à l’Agence Anadolu, ce spécialiste des questions d’islamophobie explique qu’il « n’y a absolument aucune surprise » et estime qu’il s’agit là de « l'idéologie que colporte Houellebecq depuis des années, tandis que les "républicains" de tout bords le soutenaient et faisaient passer sa prose islamophobe pour du génie littéraire ».

« La seule différence, c'est qu'aujourd'hui il assume et revendique au grand jour son souhait de violence et de racisme contre les Musulmans, au lieu de se cacher derrière une critique de l'Islam qui ne convainquait que ses soutiens, aujourd'hui bien silencieux » pointe l’ancien directeur du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France).

Les déclarations et le raisonnement déroulé par Michel Houellebecq, montrent, selon Marwan Muhammad, « ce que des universitaires, des associations et des experts mettent en cause depuis des années ».

Faisant état d’un « discours islamophobe totalement assumé en France, qui se drape d'abord sous un langage républicain pour détourner de leur sens des concepts comme la "laïcité", la "liberté d'expression" ou la "critique des religions (surtout l'Islam)" », il note qu’il s’agit en définitive d’un « discours explicitement raciste qui n'a rien à voir avec ces concepts, mais qui vise une communauté religieuse, avec pour seul but de l'ostraciser, de l'exclure, voire de la tuer ».

- L’indignation des Musulmans malgré le silence de l’Exécutif

Mercredi, la Grande Mosquée de Paris (GMP) d’ordinaire très peu bavarde sur les polémiques liées à l’islamophobie, a annoncé déposer plainte contre Michel Houellebecq pour des motifs « d’incitation à la haine ».

L’organisation cible « des phrases lapidaires » qu’elle qualifie « d’inacceptables et d'une brutalité sidérante ».

Quelques heures après la publication du communiqué de presse de la GMP, la sphère médiatique s’est emparée du sujet, et les condamnations ont fusé, tant sur les plateaux de télévision, que sur les réseaux sociaux.

Pour autant, l’Etat demeure silencieux et les quelques ténors du gouvernement, d’ordinaire très prompts à réagir au buzz, sont aux abonnés absents.

« La seule chose qui a changé, c'est que cette parole s'est libérée, puisqu'elle est valorisée et normalisée, à la fois par des médias qui assument désormais totalement une ligne éditoriale raciste, mais également par des élites politiques qui n'ont pas le moindre courage de s'y opposer » note à ce propos Marwan Muhammad.

Il considère que « l’anomalie systémique qui caractérise la France ne réside pas dans une extrême droite raciste qui fait ce pour quoi elle est programmée, mais dans un corps politique et médiatique majoritaire qui valide pleinement ce racisme, au lieu de s'y opposer, tout en se prévalant d'une image éculée de la France, terre des "Droits de l'Homme" et des libertés, à condition que les minorités ne les revendiquent pas trop ».

Le fondateur de la plateforme L.E.S. Musulmans, estime qu’il y a d’ailleurs une responsabilité directe de l’Etat français qui « a rendu possible » la diffusion des discours islamophobes.

Dans le détail, Marwan Muhammad se demande comment l’Etat pourrait « critiquer une "stigmatisation des musulmans" dont il est devenu le principal opérateur en criminalisant toutes les mosquées et associations musulmanes qui osaient le critiquer? ».

« Comment s'alarmer hypocritement que des minorités soient visées, agressées ou tuées, quand le gouvernement a lui-même désigné des "ennemis de la République" et mis des cibles sur leur dos? » s’interroge-t-il avant de souligner que « c'est l'Etat qui a rendu acceptable de concevoir les citoyens musulmans comme un problème, en les criminalisant ».

Face à la gravité de la situation dans le pays et à l’expansion sans limite de la pensée d’extrême-droite, Marwan Muhammad appelle à « tirer les responsabilités de cette situation dramatique en mettant en accusation l'exécutif Français, avec discernement et exigence, pour que les politiques d'Etat changent et que le racisme soit réellement combattu avec les moyens institutionnels qui s'imposent, plutôt qu'en l'alimentant ».

source: agence anadoul





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